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En volaille bio, la persévérance a payé

Ancien salarié de la fonction publique, Michel Ferriz a embrassé le métier d'éleveur il y a quinze ans, avec sa femme Marie.

Il y a quinze ans, Michel et Marie Ferriz achetaient 249 poules. Aujourd’hui, ils font vivre une vingtaine de personnes avec La Basse Cour bio.

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Pendant des années, Michel Ferriz a été salarié la nuit et éleveur le jour. « Ma femme Marie aussi était double active, car nous n’avions pas le choix : avec 249 poules, on ne vit pas », témoigne-t-il. Quand le couple se lance dans l’œuf bio en 2008, aucune banque n’y croit. La vente de leur maison leur permet d’investir dans 7,5 ha à remettre en état. Après un an de travaux arrivent les premières poules, dans une cabane autoconstruite. Les clients affluent. L’année d’après, ils se mettent aux normes pour doubler le nombre de poules. Au bout de deux ans, ils ont 2 000 poules et 1 000 poulets bio. Puis le seul abattoir local agréé pour la volaille bio ferme.

« Nous avons décidé d’abattre à la ferme, reprend Michel. Mais faute d’atteindre la surface minimale d’installation, nous n’avions pas le statut d’agriculteurs et les banques ne nous suivaient toujours pas. J’ai conçu un outil d’abattage dans un camion en empruntant 30 000 € aux Amap (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) qui travaillaient avec nous. L’emprunt a été enregistré chez le notaire et remboursé ensuite. »

Tous les poussins arrivent sur l'exploitation à un jour. Les futures pondeuses sont achetées à un jour au prix de 1 €. (©  Bérengère Lafeuille)

Mises aux normes

Quand arrive la possibilité de récupérer 14 ha en fermage, le couple obtient le statut d’agriculteur. Le chiffre d’affaires augmente et La Basse Cour bio devient une SAS en 2017. Mais cette même année, le règlement relatif à la biosécurité oblige à mettre aux normes toutes les installations. « Nous avons tout détruit et reconstruit nous-mêmes. Cette fois, nous avons eu un prêt bancaire et nous en avons profité pour nous agrandir. Les travaux ont duré deux ans et ont coûté 350 000 €. » Aujourd’hui, l’élevage compte huit bâtiments de 1 100 poulets et un bâtiment de 7 500 pondeuses, entourés de parcs clôturés. Les poussins reçus à un jour sont élevés, abattus et transformés sur l’exploitation qui emploie dix-huit personnes.

Les poulets de chair sont élevés 90, voire 100 jours, quand le règlement AB en impose 81. Ils sont vendus entiers ou transformés sur place en charcuterie ou plats cuisinés. Les œufs sont vendus en direct, en Amap, à des magasins bio locaux et à la centrale d’achat régionale de Biocoop. « Pour approvisionner Biocoop, je travaille avec d’autres éleveurs. Je livre au total 120 000 à 150 000 œufs par semaine », précise Michel. Les fientes sont vendues à des céréaliers. Quand le prix de l’aliment des pondeuses est passé de 670 €/t à 840 €/t, les éleveurs ont rogné leur marge : l’œuf M/L à la ferme est resté à 0,35 €.

L’exploitation brasse de l’argent, mais le bénéfice est maigre. « Chaque lot de poules représente un gros investissement, témoigne Michel. Une poulette démarrée coûte 10 € et doit être nourrie plusieurs semaines avant de pondre des œufs commercialisables. Et puis, il faut payer les bâtiments, les salaires… Les contrôles portant sur la salmonelle ont lieu quatre semaines après l’arrivée des poulettes, puis toutes les sept semaines. En cas de prélèvement positif, on n’a pas de retour sur investissement. Alors à chaque contrôle, je perds le sommeil. »

La Basse cour bio vend les œufs en direct, en Amap, à des magasins bio locaux et à la centrale d’achat régionale de Biocoop. (©  Bérengère Lafeuille)

Énormes pertes post-Covid

Même en échappant à la salmonelle, d’énormes pertes ont été subies en 2021. Très fidèles pendant la crise sanitaire, les clients ont disparu dès la réouverture des restaurants. « J’ai envoyé trois semi-remorques aux Restos du Cœur, bradé mes œufs à 0,07 €, démarché des casseries, etc., énumère l’éleveur. Malgré tout, j’ai dû enterrer 300 000 œufs. » Les excellentes ventes réalisées au début de 2021 ont compensé les énormes pertes du second semestre, puis l’exploitation a remonté la pente. En 2022, dans le cadre du projet européen PPilow, La Basse Cour bio a essayé l’élevage de souches mixtes (œufs et viande).

« Chez moi, les résultats ont été mitigés : les mâles ont donné de bons poulets, mais les poules ne pondaient qu’à 50 % et à côté des nids », explique l’éleveur. Il a arrêté l’expérimentation, chronophage et non rémunérée. « Mais puisque j’avais aménagé un bâtiment pour les poulettes, j’achète désormais des poussins d’un jour à 1 € au lieu de poulettes démarrées à 10 €. Cela permet d’étaler les dépenses. »

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